9 octobre 2016

Retour d'expérience



Le mot d'Iris


« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles qu’on n’ose pas les faire.
C’est parce qu’on n’ose pas les faire qu’elles sont difficiles. »


Première impression : Irréelle. Et oui pourtant nous l’avons bien fait, deux mois et demi sans argent. Sans un sou. Déconnectés de notre système économique. Jusqu’au-boutistes et heureux. Heureux d’avoir démontré que cette manière de voyager est possible. Heureux de cette aventure. Heureux de l’avoir accomplie.


Ce voyage m’a apporté joie, rires et émerveillements. Mais aussi fatigue, pleurs et déceptions. Ce mélange de hauts et de bas fut le fruit de nos expériences et chacune nous a enrichie. Un retour à l’essentiel m’était nécessaire pour prendre conscience du luxe dans lequel je vivais. Un confort dont je n’étais pas reconnaissante auparavant. Ce qui nous entoure, par habitude, nous devient bien souvent invisible. Ce voyage m’a ouvert les yeux. J’ai vu un monde où la générosité, le partage et l’humanité règnent. J’ai fait des rencontres merveilleuses, admiré des paysages magnifiques. J’ai beaucoup appris sur différentes cultures, utilisé plusieurs langages. J’ai constaté que chaque territoire est unique et nécessite un temps d’adaptation. Chaque personne est unique, possède une histoire a raconter et quelque chose à t’apporter. J’ai pris le temps de regarder, d’admirer, de discuter, d’être attentive, d’apprendre et de comprendre... Je me suis initiée à écouter mon corps, mes pensées, mes envies et ma respiration. J’ai appris à porter de l’attention à chaque rencontre, à ne pas négliger les coïncidences, à être reconnaissante de ce que la nature nous offre, à retrouver un sens spirituel et non matériel à ma vie.


Un retour en arrière m’a été bénéfique pour comprendre l’utilité primaire de la monnaie : faciliter l’échange et gagner du temps libre.


Tous les jours nous nous posions les mêmes questions : Où allons-nous trouver à manger ? Où allons-nous dormir ? Une voiture s’arrêtera-t-elle pour nous prendre en autostop ? Manger, se laver, attendre, se déplacer, faire ses besoins, s’hydrater, dormir... L’argent permet de nous libérer l’esprit de ces questionnements. Grâce à ce moyen d’échange, les hommes ont obtenu du Temps Libre. A l’aide de ce voyage, j’ai réalisé à quel point ce système d’échange entre humain était utile et le temps libre précieux. L’idée est de savoir utiliser cette monnaie et son temps libre à bon escient.


Nous avons réussi à nous nourrir grâce au gaspillage de notre société. Pourquoi dépenser de l’argent tant que des déchets (comestibles) ne cessent d’accroitre ? En sensibilisant les personnes autour de nous, nous avons ouvert les yeux à chacun sur cette société de surconsommation. Nous leur avons expliqué que nous possédions tous un poids politique important avec notre consommation. Nous avons rencontré de nombreuses personnes déjà sensibles à ces problématiques, mais à l’instar d’autres ne s’attendaient pas à voir autant de nourriture jeté sur les fins de marchés. Moi-même j’ai été choquée de voir autant de gaspillage et heureuse de ne rien pouvoir récupérer dans certains marchés de producteurs où rien n’était gaspillé et tout recyclé.


Chaque première fois est appréhendable. Il faut savoir oser. Je suis de nature timide et mes voyages m’ont beaucoup appris à prendre confiance en moi. Dans cette aventure, j’ai dû faire de nombreux premiers pas, aborder de nombreuses personnes, quémander de la nourriture, et souvent j’avais un bon retour et je faisais une belle rencontre et je me disais ‘Waouh il suffit vraiment de demander, c’est la clé’.


Je voudrais que ce ne soit pas à refaire, car j’aimerais voir cette société évoluer et changer. Mais tant que cette société perdurera, je continuerai. Je prendrai part au changement, car j’y crois profondément.


Je laisserai ma goutte d’eau dans cet océan.


« Rester c’est exister. Voyager c’est vivre. »



Le mot de Thibaut



Notre rapport à la consommation a été bouleversé durant ce voyage. J’ai personnellement apprécié le fait de se déconnecter du système de consommation. Cela m’a permis d’aborder un autre point de vue sur les personnes que nous rencontrions, les endroits que nous visitions… On ne visite pas les mêmes coins lorsque l’on est touriste. En tant que touriste, un chemin doré nous est tracé et nous amène tout droit à la consommation de masse : boutiques de souvenirs, nourriture à emporter, restaurants hors de prix, activités de loisirs. En plantant la tente dans les parties moins fréquentées des villages/villes, nous avons assisté à l’envers du décor. Au Portugal, nous avons plusieurs fois mis les pieds dans la partie pauvre des petites villes côtières touristiques, là où logent les saisonniers, dans des HLM gris et tristes. Bien loin de l’idéal lumineux du front de mer. Nous sommes tombés sur de vieux immeubles abandonnées. Bien sûr, le fait de ne pas utiliser de guide touristique nous mène tout droit hors de cette ‘zone de confort’ touristique pour atterrir dans le ‘vrai’ qui compose la grande majorité du territoire d’un pays.


Notre rapport à l’autre fut aussi bouleversé. Nous avons pu nous confronter à de multiples réactions lors de nos premières rencontres : l’aide, la peur, le don, la surprise positive et négative, l’incompréhension. La façon de présenter le projet a beaucoup joué. Nous l’avons fait évoluer au fil du parcours. J’ai pu m’apercevoir que le fait de se présenter comme membre d’une structure rassurait nos interlocuteurs. Dire que nous sommes étudiants dans une école, que nous faisons cela dans le cadre d’un stage pour une durée limitée. Il y avait quelque chose de rassurant là-dedans. Le fait de présenter le projet dans notre langue maternelle a largement facilité sa compréhension.


Mon rapport à l’argent est aussi différent. Je pense qu’avant ce voyage, je conceptualisais le pouvoir de l’argent mais je ne me rendais pas compte dans le concret de l’arme que tout le monde a (plus ou moins) entre les mains. Aujourd’hui, je réfléchis à chaque fois qu’une dépense doit être faite : en ai-je vraiment envie ? Ai-je le choix ? Mon acte se place-t-il dans un dessein positif ?


« Chaque fois que vous dépensez de l’argent, vous votez pour le type de monde que vous voulez. » (Anna Lappé)


Maintenant les billets et les pièces de mon porte-monnaie, ainsi que les chiffres de mon compte en banque sont vus comme des moyens de soutiens. Je vous achète vos tomates car je veux soutenir le modèle d’agriculture que vous pratiquez, etc… Ce voyage m’a permis donc de remettre de la SUBSTANCE au sein de ce concept mal compris qu’est l’argent.


Nous avons parcouru 5 pays dont 4 en langues étrangères (Suisse alémanique, Italie, Espagne – pays basque -, Portugal). Le premier palier de l’intégration est bien entendu la langue. Pas d’intégration sans communication. Sachant que le niveau d’anglais moyen des habitants de ces pays n’est pas très élevé, la communication fut parfois difficile ou limitante. Elle a joué un rôle de filtre : en favorisant le contact avec ceux qui pratiquent l’anglais au dépend des autres. Bien entendu nous avons fait des efforts dans chaque pays pour apprendre les basiques en se créant des fiches de mots utiles et des phrases toutes faites. D’autres formes de communication entrent en jeu comme le langage corporel (mouvements de mains, intérêt, sourire, active listening…). Nous possédions également un livre d’images destiné à montrer ce que l’on cherche ; nous ne l’avons, au final, jamais utilisé. Nous apprenions sur le tas la culture locale. Ce qui est ou n’est pas dans les moeurs – comme accueillir un étranger chez soi ou faire de l’autostop. Il faut savoir que la culture reflète un ensemble général mais ne tient pas compte des exceptions.


Nous avons voyagé à deux, en couple. Cela fut une facilité et une difficulté. Iris et moi partageons la même passion du voyage. Notre coopération au cours de ce voyage a reposé sur la communication et sur la force mentale à résister à la fatigue et aux aléas quotidiens. Faire du stop, plonger dans les poubelles pour ne parfois rien trouver, se réveiller tôt par de grosses chaleurs ; les journées ne sont pas monotones. Chaque jour nous étions rayonnants mais chaque jour aussi nous étions fatigués – physiquement ET mentalement. On peut voir ça comme une sinusoïde non périodique. Le fait est que dans ces moment Down on ne peut abandonner, il n’y a pas d’issues. Il faut avancer : chercher à manger, chercher à dormir, chercher à se déplacer. C’est là qu’intervient l’autre. Nous avons développé une faculté d’attention sur l’autre qui a permis de prendre le relais quand le partenaire était Down et de se reposer quand l’autre était Up. Je ne parle pas de parfaite synchronisation mais d’un effort de coopération permanent. Cela m’a appris plusieurs choses : prendre sur soi, redynamiser autrui, travailler pour deux, écouter son corps et son esprit, être dans le moment présent, réagir à l’imprévu…


Le self-control est important. On ne peut pas non plus se laisser aller au stress, on se doit d’être rassurant, calme et de trouver les solutions nécessaires et adaptées aux situations difficiles que l’on traverse. Nous portions tous les deux des sacs à dos de voyage de plusieurs kilos (une quinzaine pour Iris et une vingtaine pour moi). Cela implique plusieurs choses : une bonne forme physique pour pouvoir les porter ; une motivation mentale pour les remettre sur le dos jour après jour et une organisation sans faille dans leur rangement. La fin de notre voyage était tout de même marquée par la fatigue. Nous nous trouvions sous des chaleurs écrasantes la journée et nous flanchions quelque peu physiquement. Nous avancions moins, nous restions plusieurs jours au même endroit pour se reposer.


L’un des maître-mot de notre voyage fut peut-être l’ouverture d’esprit. De la part des autres mais surtout de notre part. On se devait d’être constamment intéressé par l’autre, ce qui ne représente pas un grand effort, cela est plutôt naturel pour nous. Mais lorsque quelqu’un vous prend en stop, vous ne pouvez pas simplement vous asseoir et ne rien dire. Il faut faire la conversation, valoriser cette rencontre, lutter parfois contre la fatigue morale. Là surgit l’importance de voyager à deux, pour prendre le relai, pour se soutenir. Nous avons aussi rencontré beaucoup, beaucoup de personnes et toutes différentes : de toutes les confessions, de toutes philosophies, qui soutenaient ou qui rejetaient notre projet.


Intellectuellement, il fut très intéressant d’échanger avec eux. De comprendre aussi leur façon de vivre, de s’interroger sur la nôtre. Nous avons vécu quelques temps avec des jeunes vivant en communauté dans une exploitation agricole perdue dans la montagne, qui vivaient selon une philosophie bien à eux de simplicité volontaire ou de sobriété heureuse. Nous avons aussi rencontré des personnes peu soucieuses de nos objectifs, comme une jeune femme travaillant dans le domaine de la finance qui voyait le monde tel un vaste océan de débits et de crédits. Le plus grand bonheur fut lorsque nous réussissions à donner le goût de l’aventure à des personnes vivant dans un quotidien répétitif. Un père de famille nous a avoué vouloir repartir à l’aventure, avant que son corps ne le lui permette plus, dès que sa fille terminera ses études.

Pour conclure


 Notre voyage de deux mois et demi a été des plus enrichissant. Nous avons rempli notre objectif puisque nous n’avons pas déboursé un sou. De plus nous avons pu exploré de nombreuses alternatives et prouvé qu’un tel voyage est possible. Nous sommes fiers d’avoir pu réaliser ce rêve, ensemble. A bien y réfléchir, cela nous apporté un cran de maturité. Nous avons découvert en nous et chez l’autre des ressources inexplorées et des capacités incroyables qui ne peuvent être mises en exergue seulement dans des conditions extrêmes. Ce voyage fut une belle école de la vie, bien plus que tout ce que l’on peut apprendre enfermé dans une salle de classe. Un voyage épanouissant en somme. Une expérience partagée.


Nous tenons à remercier toutes les personnes rencontrées sur notre route, celles avec qui nous avons partagé et ceux qui nous ont accueillis les bras ouverts. Celles qui nous aidé a construire ce voyage et ont cru en nous pour le réaliser. Celles qui nous ont suivi durant notre périple. Merci à ceux qui nous ont permis de financer notre matériel.


Le guide du voyage est en cours d'élaboration, il faudra être patient. Bientôt, vous pourrez vous en inspirer et le compléter avec vos expériences. 


Nous espérons que ce voyage vous aura inspiré.


Nos petites graines ont désormais bien poussé.






 Aventureusement votre,

Iris et Thibaut

5 août 2016

Toute aventure a une fin

Nous y sommes. Au Festival de Musique du Monde (FMM) de Sines édition 2016. Nous nous installons dans un camping municipal abandonné prêté par la mairie à l'usage des festivaliers. Nous explorons le vaste terrain à la recherche de la place en or : ombragée le matin, ni trop près des toilettes et des douches (à cause des odeurs), ni trop loin (pas envie de marcher 5 minutes au milieu de la nuit) et situé dans un lieu de passage (limite les risques de vol). Il vaut mieux s'armer d'une boussole et pointer l'Est. Placer la tente pour limiter au maximum l'exposition directe aux rayons du soleil. Nous faisons un tour du coin pour trouver des cartons et se confectionner un 'salon' devant la tente. Nous trouvons même une petite chaise pliable ! Une cagette retournée fera office de table et notre corde attachée entre deux arbres, d'étendage pour le linge. Aaah enfin on peut se reposer. Il n'y a pas grand monde dans le camp... pour le moment.






Nous allons faire un tour du coin pour visiter la petite ville. De petites ruelles étroites mènent à un château en plein centre. Des dédales serpentent jusqu'à l'océan et offrent des angles aux commerçants en tout genre qui exposent leurs produits : habits, bijoux, produits de beauté. Plus bas, sur la grande promenade "Vasco de Gama" de front de mer s'élève une grande scène qui accueillera des concerts gratuits tous les soirs de la semaine. Des food-truck vegans ou végétariens s'éparpillent autour. L'air est chargé d'odeurs de nourriture et nous font saliver.
Nous retournons à la "maison" pour nous cuisiner quelque chose. Nous avons pas mal de nourriture sur nous, fruits de nos récoltes de Lisbonne. On devrait tenir pour la semaine mais nous décidons de faire varier le menu et partons en quête des poubelles voisines. Malheureusement, la ville s'est équipée de bennes semi-enterrées. Il est donc impossible d'accéder aux poubelles de plusieurs petits supermarchés. Nous tentons notre chance dans une Pastelaria (bar portugais qui fait de la petite restauration). L'employée nous indique de revenir à la fermeture par la porte de derrière.
La boutique fermée, la jeune femme nous offre du riz aux haricots rouges, du pain, des croissants et une soupe encore tiède ! Elle nous demande de ne pas ébruiter sa générosité de peur que d'autres viennent quémander. Nous irons le lendemain au marché couvert de la ville récupérer les fruits et légumes. Conseil pratique : demander à l'office de tourisme du coin des indications à propos des marchés et des horaires, de plus on vous donne souvent une carte de la ville, pratique pour se repérer. Petite surprise : en fouillant les poubelles devant quelques restaurants/commerces, un homme, en fait le patron d'un petit commerce de charcuterie, vint nous offrir un sac qui contenait du saucisson et du fromage !! Autant dire qu'il n'a pas fait long feu...



La journée, il fait chaud. On décide d'aller à la marina pour trouver un bateau, le festival a bien dû attirer des touristes d'un peu partout. Nous nous adressons à l'administration du port pour obtenir quelques informations concernant les allers et venus. La réceptionniste n'est pas du tout coopérative. Elle ne veut rien nous dire et elle nous précise que l'accès au dock est fermé par un portail. Coup dur. La seule solution est de passer plusieurs jours à l'entrée du port avec une pancarte : "recherche bateau pour un petit tour en mer !"




Nous nous réfugions la journée à la bibliothèque municipale qui se trouve être une salle d'exposition. Nous flânons entre les œuvres d'art exposées. Les avantages de ces lieux : toilettes propres, wifi et fraîcheur de la climatisation. Le soir, sur le chemin dallé devant l'entrée, sont placés des écrans qui retransmettent en direct les concerts (payants) qui se déroulent dans une petite salle au sous-sol. L'endroit est convivial.



Coupés du monde depuis quelques jours, nous profitons de prises de courant pour brancher nos appareils électriques. La technologie s'éveille et nous replonge dans le monde virtuel des réseaux sociaux et de l'Internet.

Iris reçoit un message déroutant qui va bouleverser le déroulement de la journée et impacter notre aventure. Elle apprend, à travers un message envoyé par sa maman, le décès de son grand-père maternel...
La nouvelle arrive comme un choc. L'enterrement sera lundi, soit dans 5 jours. Nous passerons la journée à errer entre la plage et le camping. Iris prend contact avec son frère tout aussi bouleversé, le choc est rude. Le soir, la première émotion passée, nous discutons pour prendre la décision de revenir pour la sépulture. Il y a certains moments, dans la vie, qu'il faut vivre en famille. Pour se soutenir, s'apporter mutuellement du courage et se transmettre de l'amour.

Nous avisons la famille que nous reviendrons parmi eux en fin de semaine. Le lendemain, nous prenons nos billets d'avion depuis Lisbonne et réservons un bus samedi matin pour nous rendre à l'aéroport. Il nous reste deux jours au Portugal, à profiter des festivités pour nous changer les idées. Nous comptons bien vivre jusqu'au bout ce voyage.

Nous irons danser jusqu'à tard le soir (devrais-je dire tôt le matin) le jour suivant.
Vendredi, le jour d'avant départ. Nous décidons de marquer la fin du voyage en rompant notre pacte... en dépensant nos premiers euros depuis plus de deux mois et demi.  Nous irons manger sur la plage, le soir, pour notre dernière soirée. Pourquoi ? Car nous préférons marquer notre dernière soirée au Portugal, que se faire une soirée en revenant en France, à 24 heures d'intervalles autant profiter ici... avec des achats raisonnés bien évidemment ! Nous nous commandons des petits plats végétariens, une bouteille de vin locale et des desserts vegans et bio (riz à la cannelle et panna cotta, le tout au lait végétal). Nous parcourrons les marchés pour revenir avec quelques petits cadeaux handmade dans le sac. Des petits plaisirs qui nous laisse satisfaits, contents d'avoir soutenu des petits marchants pour leurs commerces.

La ville de Sines vue de la plage



On se lève à la rosée, nous ne sommes pas les seuls debout, de la musique joue encore au loin. Nous rangeons nos affaires et laissons sur la chaise pliable de la nourriture avec un panneau "Help Yourself".



 On quitte Sines avec nostalgie, ce voyage nous aura laissé pleins de souvenirs. Dans le bus on ne se sent pas bien, depuis l'Espagne nous avons développé le mal des transports. Notre intestin est-il si fatigué par ce que l'on a ingurgité ou les routes nationales remuent-elles trop ? Conseil : regarder la route devant soi, ne pas oublier de bien respirer et préparer un sac en cas de rejet.
Nous arrivons enfin au Terminal à l'aéroport après bus, métro et navette. Nous nous enregistrons et mettons nos bagages en soutes : 16.7 kg pour Iris et 21.6 kg pour Thibaut, et nous avons en plus deux petits sacs à dos à part avec nous... Bien plus lourd que le cinquième de nos poids respectifs que l'on était sensé porter, mais presque tout nous a été utile.

Départ de Lisboa
Arrivée à Lyon
Un nouvel article apparaîtra d'ici quelques temps. Il parlera de notre retour à la vie 'normale' et de l'analyse de notre voyage.

Aventureusement votre,
Iris et Thibaut


28 juillet 2016

À la découverte du Portugal



Nous partons de Porto et quittons Félix et son super appartement. Non sans mal, notre hôte s’était attaché à nous et nous aussi et ne voulait pas nous voir partir aussi tôt. Mais il faut savoir repartir, et ne pas trop s'habituer au confort d'un bel appartement, pour reprendre la route vers le Sud. Ce ne fut pas chose facile au commencement. Nous nous rendons aux abords du Stade du FC Porto, un coin stratégique à une dizaine de minute à pied de chez Félix, où se croisent les routes pour le Nord et le Sud. Nous tentons notre chance dans un premier lieu aux abords du Stade, puis nous décalons un peu plus loin où les voitures peuvent mieux s’arrêter sans gêner la circulation. Problème : peu de visibilité en sortie de virage et des voitures un peu trop rapides. De plus, nous n'atteignons pas tout le trafic en direction du Sud de ce fait nous avons moins de chance de notre côtés pour trouver un véhicule allant dans la direction que nous souhaitons : il faut changer d'endroit. Nous prenons le tram (par chance les contrôles sont rares) pour la ville de Gaia, au sud de Porto. De là on se poste sur un rond point à côté de l’entrée d’une route national pour le sud, toutes les chances sont de notre côté, et on attend, les pots d’échappement dans le nez. Après quelques dizaines de minutes d’attentes, un couple nous embarque pour Espinho, une ville touristique de bord de mer pas très loin dans le Sud.



À notre arrivée, nous marchons en direction du soleil couchant pour trouver un endroit où camper : éviter les plages touristiques et surveillées grâce à Google Maps (il est très facile d'enregistrer des cartes au préalable sur l'application, nous conseillons d'avoir un téléphone portable avec soi, c’est très pratique et plus précis que les cartes routières) on repère à une vingtaine de minutes du centre des kilomètres de plages plus ‘sauvages’ et un parking avec des camping car (oui Google Maps nous indique même ces précieux détails). Personne ne devrait nous embêter pour une nuit. Sur la route, nous croisons une tente et deux autrichiennes qui campent au bord de l’océan pour la nuit. Elles nous invitent à boire un coup et nous décidons de devenir leurs voisins pour la nuit. Nous passons la soirée à discuter avec elles et un portugais qui nous a aidé à trouver du bois pour faire un feu. Il ne parle pas anglais mais avec des gestes et un mix de français, d'anglais et d'espagnol on arrive à communiquer : nous tenons cependant à préciser qu'une connaissance basique de l'anglais, langue 'universelle', facilite l’échange lors d'un voyage tel quel. On s’endort finalement, bercés par le son des vagues sur le sable.



Le lendemain, nous partageons un petit déjeuner avec les autrichiennes, nous leurs prêtons notre super wood cooker (cf liste de materiel) pour cuisiner. En échange, elles partagent (pas très équitablement, se servent d'abord en plus grande quantité) le repas avec nous. Nous repartons pour la route nationale en direction du Sud, on essaye de se rendre à Aveiro, une ville située à une cinquantaine de kilomètres de là. Le stop sur la nationale ne fonctionne absolument pas. Certaines personnes nous répondent par des signes (je ne vais pas loin, je n'ai pas de place) ou un sourire ; d'autres nous regardent comme des OVNI. C'est probable qu'ils n'ont jamais vu d'autostoppeur de leur vie, c'est pas très commun dans le coin. Changement de cap on rejoint une autre route qui nous amène proche de l’autoroute. Idem, assez longue attente et un local nous embarque dans sa petite voiture pour une autre route nationale plus dans les terres. C’était difficile de comprendre où il allait mais on était tellement content que quelqu’un s’arrête qu'on a grimpé dans la voiture. On se retrouve sur une petite route qui mène à Coimbra (100 km plus loin) une ville universitaire dans les terres. Une femme sympa qui parle bien l’anglais, ce qui est rare, s’arrête pour nous prendre. Elle ne va pas loin mais nous avance un peu. En chemin, elle nous emmène visiter un petit village où elle rend visite à sa mère en maison de retraite. Nous nous retrouvons donc à flâner dans une Église au sommet d'une colline surplombant la vallée. Les Portugais sont très croyant, enfin les vieux ;)



Nous reprenons la route avec elle, nous lui demandons une solution pour dormir chez elle. Malheureusement, elle habite en appartement et ne peut nous héberger pour la nuit. Elle tente tout de même d’appeler sa sœur pour lui demander l’hospitalité. Négatif. Nous nous rendons alors dans un de ses village préféré : Santa Maria Da Feira. Elle nous dépose à côté d'un château. Nous campons non loin dans le sous-bois, à l'abri des regards indiscrets.



 Au matin, des toilettes publiques à proximité nous servirons de salle de bain pour nous nettoyer au gant et au savon végétal. L’accès à l'eau facilite le remplissage de nos gourdes , permet de cuisiner (riz, pâtes, porridge) et de nettoyer la vaisselle. Retour sur la route où nous marchons pour rejoindre l’autoroute pour partir vers Aveiro. L'autostop s'est avéré difficile en sortie de village, nous nous trouvions sur une route nationale à 2 voies où la vitesse des voitures était élevée (70 km/h) ce qui diminue notre visibilité ainsi que le laps de temps pour les conducteurs de prendre une décision pour s’arrêter. Plus le temps est court, plus la décision de s’arrêter se fera par réflexe plus que par réflexion. Une voiture s’arrête alors qu'Iris agitait son panneau, Thibaut court vers la voiture et dès que l'automobiliste le voit, il redémarre à fond et s'en va. Il valait mieux dans tous les cas ne pas monter avec lui…
Nous décidons de marcher jusqu’à une entrée d'autoroute pour avoir plus de voiture. Sur la route, nous croisons un stand de fruits et légumes. Nous demandons les invendus que la vendeuse nous offre volontiers ! Il fait chaud : nous n’hésitons pas à faire des pauses et nous hydrater.
Nous arrivons à la bonne entrée dans la bonne direction. Il y a peu de voiture mais une jeune femme s’arrête et nous emmène jusqu’à Aveiro. C'est parfait il est 17h et la finale de l'Euro de football France-Portugal va se jouer dans 3 heures. Nous arrivons dans cette jolie petite ville qui se fait appeler ‘la Venise portugaise'.






Il y a du monde dehors et les écrans géants sont sortis. Nous prenons place devant un écran au centre commercial. Nous attendons le début du match en préparant notre spot de tente du soir en regardant Google Maps sur le téléphone. Le match commence, la place est remplie de couleurs Rouge et Verte. L'hymne nationale retentie, partout en ville les gens chantent. Puis vient la Marseillaise, nous ne nous laissons pas abattre et entonnons notre hymne avec fierté et humour. Il se passe ce qu'il se passe, j’entends : on s’endort pendant le match, enfin presque. Puis vient le réveil bruyant après 2 heures d'attente, le peuple se lève.



 Une explosion de joie éclate autour de nous après le but Portugais et une deuxième à la fin du match ! L'ambiance est folle, les voitures klaxonnent, les gens dansent, boivent, crient, agitent des drapeaux, les Policier posent pour des selfies avec des touristes ivres, c'est la débandade ! Nous posons notre tente tard le soir derrière des bambous qui nous cachent de la route.




Le lendemain, de tenaces patriotes klaxonnent encore mais le calme est revenu. Nous avons faim et nous dirigeons au centre commercial pour recharger les téléphones. Il est l'heure du repas et des gens s'attablent un peu partout avec des plateaux de nourriture achetée aux petits restaurants du premier étage. On test une nouvelle alternative : le table diving (la récupération sur assiette). Simple mais efficace : étant donné que les gens ne rapportent pas leurs plateaux au restaurant mais préfèrent les laisser sur les tables et laisser la bonne faire, ET qu'ils ne finissent que très très rarement leurs assiettes, il suffit d’être un peu opportuniste et s'appropriant les assiettes des autres lors de leur départ. La récup est bonne : salades de pâtes aux petits légume et brochettes pour monsieur, riz et haricots rouges et soupe pour madame. On mange jusqu’à plus faim puis nous contactons un Couschsurfer (cf Couchsurfing sur le dernier article) qui peut nous héberger. Nous avions tenté un peu plus tôt un autre site internet : Warmshower, qui donne la possibilité aux voyageurs en vélo (mais pas que) à passer faire un tour chez des hôtes pour prendre une bonne douche ou pour dormir ou les deux à la fois. L'un d'eux peut nous accueillir pour un repas et une douche mais un autre nous propose de dormir chez lui. Nous irons donc chez Jedrzej étudiant Erasmus Polonais en colocation avec une Croate. Un bon lit nous attend. Nous faisons un peu notre vie, notre hôte nous invite le soir à une Erasmus Party mais nous sommes fatigués par nos courtes nuits sous tente : il faut savoir être à l’écoute de son corps car quand le physique ne va plus le mental ne suis plus non plus. Il apprécie notre projet et nous demande conseil pour voyager à très petit budget !
On retourne sur la route vers Figuiera da Foz. On repère la bonne route (c'est au Sud donc se placer sur la route nationale qui va au Sud en se plaçant au Sud de la ville) et on se fait prendre par un portugais, la cinquantaine, de retour de Porto. Ce sera un lift direct ! Dans la voiture nous tentons de communiquer avec lui, avec quelques mots d’espagnol on se comprend tant bien que mal.



Figuiera c'est hyper touristique. Il y a une grande plage, très grande et beaucoup de vent, mais vraiment beaucoup. Derrière la plage il y a des grands hôtels, très grands et pas très accueillants. Bref, on s'enfonce dans la ville voir du vrai, du local, pas ces prisons à touristes grises et épurées. On tombe sur les arènes de la ville. Iris, curieuse, regarde à travers un trou dans la porte fermée pour observer l’intérieur. Le verrou retentit et la fait sursauter ! Un homme ouvre la porte et lui propose d’entrer, c’est sûrement un agent de maintenance. Nous nous retrouvons au milieu de l’arène, là où les taureaux affrontent les toreros. C'est fou de se retrouver au centre et non pas dans le public, même si l'endroit est désert. Nous repartons poser la tente quelque part vers l’arrière de la ville. On se rend compte que ces villes touristiques (Figuiera, Espinho…) sont à deux facettes : la vitrine pour touriste et dès qu'on s’éloigne un peu, les bâtiments HLM pour travailleurs. On s'installe à côté de deux immeubles abandonnés que l'on visitera pendant la soirée (c’est une alternative de dormir dans un squat pour les non-peureux, nous préférons s’installer dans un jardin à côté), la porte d’entrée cassée nous ouvre à l’intérieur sans aucun mal, il y a ou a eu des squatteurs, on découvre des matelas, et d'autres objets divers et variés.






Dodo et au matin on repart. Direction Nazaré. Les aléas habituels du stop : des rencontres, de l'attente, de l'espoir, de la joie, de la déprime et re de la joie ! Nous sommes contents de pouvoir alterner repos-pouce entre nous, un autre avantage à voyager à deux. Un camion nous prend (le premier ! Check √)
De fil en aiguille nous arrivons à Nazaré grâce à un gentil couple et une voiture luxueuse. Ils nous emmènent faire un tour des environs et nous font visiter leur région. Nazaré est un joli village typique mais très touristique. On y trouve une magnifique vue et c'est ici qu'ont lieux les plus grosses vagues de Surf au Monde (du style 20-30 mètres de haut).







On y retrouve également des champs à l’arrière du village dont un qui accueillera notre tente. Il fait très chaud ces derniers temps. 30-35°C à l'ombre l’après midi. Le champs où l'on a élu domicile n'est pas loin du centre ville (bibliothèque, marché, plage), caché des voitures mais le soleil de la journée tape directement sur la tente. De même le matin, le soleil chauffe la toile à partir de 10h. C'est fatiguant d'avoir chaud… et pesant moralement. Ça empêche de dormir, ça fait pourrir les fruits et légumes et tiédir l'eau. On a cumulé beaucoup de fatigue ces derniers jours et on a besoin de repos. Nous allons le soir en direction des supermarchés (des hypermarchés donc très gros) pour y faire les poubelles. Le problème est qu’étant donné leur taille, ils possèdent tous les deux des broyeurs à déchets pour l'un (Lidl) et des poubelles cachées derrière une clôture cadenassée pour l'autre (Continente).




On décide d’attendre que tous les employés finissent leur travail pour sauter au dessus de la barrière (ce qui consiste en une sorte de violation de propriété privée mais bon…) et récupérer quand même les déchets. On attend. Le magasin ferme à 22h. Il est 23h30 et il y a toujours des gens qui travaillent pour trier et remplir les rayons. On est crevé mais on attend, les poubelles de supermarché sont une mine d'or de nourriture. À 1h du matin on s’endort dans la rue. On décide de partir. Les employés doivent travailler jusqu’à 3 – 4 heures du matin pour être sur que les clients du lendemain trouverons un magasin niquel chrome (c'est insensé…). Déçus nous trouvons quand même un bloc de chocolat et un paquet de riz au fond d'une poubelle en ville.



 Au matin, on craque un peu. Petite baisse de moral, pas d'envie. Pas de douche depuis longtemps, peu à manger (et l’échec de la veille), de la fatigue physique. Cela fait deux mois que nous sommes partis et voyager à deux demande aussi des efforts pour soi mais aussi pour l'autre. CRAQUAAAAAAGE.

La présence de l’autre permet de relativiser la situation. On décide de prendre du temps, de se poser un peu. Penser tous les jours à trouver à manger, faire du stop, trouver un endroit où dormir, monter la tente, démonter la tente, refaire les sacs, repartir sur la route… c'est vraiment difficile si la chaleur s'ajoute aux efforts. Nous restons tranquille pour la journée, on récupère à manger au marché (où les vendeurs, ayant compris qu'on faisait de la récup, nous apportent directement leurs vieux fruits et légumes dans notre cagette ! : détail pratique trouver une cagette sans trou sur les côtés cela évite que du jus nous tombe dessus), on va se poser au frais à la bibliothèque, prendre des nouvelles de la famille et des amis, nous allons piquer une tête dans l'eau fraiche de l’océan (qui fait office de douche très rafraîchissante également) . On pense à profiter, à passer en mode ‘vacances’.

Nous confectionnons un frigo maison : une cagette, des fruits à l’intérieur entourés de papier journal, le tout emballé dans une serviette et posé à l'ombre. Ça fonctionne plutôt bien et ça protège de ces saletés de mouche ! Il faut penser à retourner les fruits de temps à autre pour éviter qu'ils ne pourrissent.
Nous repartons sur la route après ces quelques jours de ‘repos’. Nous utilisons un autre site internet appelé Bewelcome qui fonctionne sur le modèle du Couchsurfing. Nous voulons tester pour vous s’il fonctionne, afin de multiplier ses chances de trouver un hôte durant un voyage Low cost. Nous contactons quelques personnes sur Lisbonne. Il y a du monde sur le site qui fonctionne plutôt bien. Un jeune homme nous répond positivement et est prêt à nous accueillir quelques jours plus tard. Nous décidons de nous rapprocher un peu plus de Lisbonne durant la journée, camper quelque part où le vent nous porte et repartir le lendemain pour la Capitale.

Sur la route, un gentil cinquantenaire nous fait la visite de la région : de belles plages et des vignobles ! Nous rencontrons Linda et sa fille, deux hollandaises en vacance qui se dirigent vers le petit village côtier de Santa-Cruz. On embarque avec elles, ça nous avance au Sud et le coin a l'air mignon. Dans la voiture, nous discutons de notre projet, de nos études, du pourquoi du comment de notre voyage. Linda, spontanée et ouverte nous invite dans son appartement de vacances à partager un barbecue et prendre une bonne douche. Elle a même une chambre pour la nuit ! Hourra, on avait besoin d'un peu de confort pour recharger les batteries (physiques et mentales). Nous passons une excellente soirée à partager nos expériences de vie.




Un peu lève tard (on a bien bu la veille il faut dire) on prépare le petit déjeuner à nos hôtes. Linda se propose de nous poser à un endroit plus favorable au stop. Nous acceptons et partons en voiture. Sur la route, prise d'un élan spontané, elle décide de partir pour Lisbonne histoire d'y passer la soirée. Ça nous arrange bien. Quelque chose nous a rendu tous les deux malades dans le véhicule. Peut être la nourriture, peut-être le changement de rythme alimentaire et un peu la voiture. Bref c'est pas la folle énergie !



Nauséeux et fatigués, voire exténués (on a du mal à marcher plus de 10 minutes sans s’arrêter faire une pause) les jambes ne tiennent plus. Nous arrivons chez Sinan et dans sa colocation. Nous allons rester un petit moment pour récupérer des forces. Sinan est okay pour que l’on reste plusieurs jours. Vivre chez les gens impose des conditions : un grand respect pour les affaires d'autrui, une participation aux tâches ménagères et un respect des règles. L’appartement est dit végétarien, cela ne nous dérange absolument pas, au contraire. Nous préparons un repas avec le peu de nourriture que nous possédons et le partageons avec Sinan. Il faut prendre du temps pour rencontrer les gens qui nous accueillent chez eux.




À Lisbonne, pour manger, nous avons trouvé des informations sur un site appelé Trashwiki.org qui donnent des bons plans récup pour les Freegans. Il conseille plusieurs marchés et supermarchés BIOLOGIQUES pour récupérer de la nourriture. En suivant ses conseils, nous nous sommes rendus 3 soirs de suite, à 20h30 à proximité d'un supermarché bio appelé Celeiro qui jetait 8 poubelles de nourritures et d'emballages chaque soir. La plupart des produits avaient dépassé leur date de péremption (ou la date optimale de consommation) ou étaient abîmés. La date limite n’est qu’une indication commerciale qui ne traduit aucunement la réelle péremption des produits, encore largement consommables plusieurs jours plus tard. Autant dire que nous avons fait de belle trouvailles : quinoa, pâte à tarte sans gluten, sandwich au tofu, pain sans gluten, plats préparés, farine de pois chiches, margarine, des œufs et bien sûr des fruits et légumes. De quoi largement varier notre alimentation !!







Nous rencontrons un autre Dumpster Diver, un jeune homme vegan qui, faute de moyens, voyait dans la récup un bon moyen d’économiser de l'argent. 3 soirs de récup le fait tenir toute la semaine ! Voyez la quantité jetée (sans compter sur ce qui n'est pas récupérable). De façon générale, les employés s'affairent à donner des coups de couteau dans les paquets, à percer les yaourts et les boîtes de lait végétal. Impossible de récupérer quoi que ce soit de liquide, mais heureusement une grande partie de la nourriture solide est encore bonne.



 Notre ami freegan nous indique un autre spot de récup en magasin bio un peu plus loin et une boulangerie qui ouvre ses portes aux gens dans le besoin à sa fermeture pour leur permettre de récupérer du pain et des gâteaux AVANT de les mettre à la poubelle. Nous y trouverons gâteaux au chocolat, pains au sucre, sandwich, pain et toute sortes de nourritures originales comme ces Spinach-sausages (sortes de croquettes à l’épinard) ! Bref, nous mangeons bien et en quantité – nous cuisinons chaque jour un petit quelque chose pour les colocataires de l'appartement.






Nous visitons la ville, ses vieux quartiers et son chat… - euh non pas son château – c’est 5 euros pour entrer dans les jardins… Nous avons toujours pour objectif de trouver un bateau à hitch hicker pour quelque part. Nous nous rendons donc à la marina pour demander des informations sur les bateaux, leurs destinations, s'il y en a beaucoup qui partent pour l'Afrique. La personne qui s'occupe des registres ne nous aide pas vraiment mais nous comprenons qu'il n'y a pas énormément de bateaux pour le Maroc depuis ce port. De plus, au milieu de la journée, personne n'est au port et il est difficile d'aller directement demander aux capitaines leur destination sans passer la journée à l’entrée du port avec une pancarte. Nous abordons quand même quelques capitaines qui nous font comprendre que le hitch sailing n'est pas si simple. Bref, d’autres plans nous attendent et nous ne voulons pas rester à Lisbonne trop longtemps, le port étant un peu loin du centre et un peu grand. Nous pensons avoir plus de chance plus au Sud, dans un petit port plus sympa, quitte à ne faire du hitch sailing que sur une plus petite distance jusqu'au Sud du Portugal ou de l'Espagne par exemple.
Une des colocataire de l'appartement nous invite pour le week-end chez sa famille entre Lisbonne et Setubal au Sud. Un peu plus loin s'y joue un festival de musique du monde ouvert à tous où nous pourrons aller pour se réjouir des festivités. Ça semble un bon plan et ça nous permet de sortir de la ville sans trop de difficultés !


Nous quittons donc la ville avec Alicia, après avoir remercié les colocataires qui nous ont si bien accueillis chez eux en laissant un mot et un petit cadeau trouvé dans la rue. Nous profitons pour tester le troc, nous échangeons avec Alicia un petit Tupperware de marque contre un autre Tupperware non-tupperware plus grand ! Le notre était un peu trop petit pour deux et c’est très important d'en avoir pour conserver la nourriture et préparer à l'avance.




Pas loin de Setubal, à Palmela, Alicia nous fait faire un tour de son coin. On y goute les spécialités : gâteaux à l'amande et aux œufs et le Moscato (vin liquoreux typique et super bon !). Alicia nous offre généreusement les mets de son pays. Nous gravissons les marches d'un vieux château qui nous délivre un magnifique panorama sur la vallée. On y voit de vieux moulins à grain sur les crêtes des collines. L’océan est tout proche et apporte un peu de fraîcheur et de vent marin que l’arrière pays ne peut s'offrir. Nous passons la soirée avec Alicia et son père à partager une ratatouille niçoise (made in France) et une mousse au chocolat-avocat. Un bon lit nous attend et nous comptons en profiter avant de retourner aux nuits sous tente.




Alicia nous offre une traversée en Ferry pour passer en face de Setubal, sur la péninsule de Troia. Nous quittons notre hôte pour le Sud – Sines – où se déroule le festival de Musique du Monde qu'Alicia nous a conseillé. Sous une chaleur écrasante (40°C à l'ombre) nous levons le pouce. Avec un peu d’attente (disons 1h30) une voiture nous emmène jusqu’à destination. Il se trouve ici un ancien camping offert par la municipalité pour accueillir les festivaliers, nous y trouvons des douches et des toilettes (propres au début, mais pas pour longtemps). Nous ramasserons dans la rue une serpillère que nous déposeront dans les douches pour faciliter l’entretient ;)


 La tente bien calée à l'ombre, on s’apprête à passer quelques jours sous le signe de la musique et de la plage !


Aventureusement vôtre,

Iris et Thibaut