5 août 2016

Toute aventure a une fin

Nous y sommes. Au Festival de Musique du Monde (FMM) de Sines édition 2016. Nous nous installons dans un camping municipal abandonné prêté par la mairie à l'usage des festivaliers. Nous explorons le vaste terrain à la recherche de la place en or : ombragée le matin, ni trop près des toilettes et des douches (à cause des odeurs), ni trop loin (pas envie de marcher 5 minutes au milieu de la nuit) et situé dans un lieu de passage (limite les risques de vol). Il vaut mieux s'armer d'une boussole et pointer l'Est. Placer la tente pour limiter au maximum l'exposition directe aux rayons du soleil. Nous faisons un tour du coin pour trouver des cartons et se confectionner un 'salon' devant la tente. Nous trouvons même une petite chaise pliable ! Une cagette retournée fera office de table et notre corde attachée entre deux arbres, d'étendage pour le linge. Aaah enfin on peut se reposer. Il n'y a pas grand monde dans le camp... pour le moment.






Nous allons faire un tour du coin pour visiter la petite ville. De petites ruelles étroites mènent à un château en plein centre. Des dédales serpentent jusqu'à l'océan et offrent des angles aux commerçants en tout genre qui exposent leurs produits : habits, bijoux, produits de beauté. Plus bas, sur la grande promenade "Vasco de Gama" de front de mer s'élève une grande scène qui accueillera des concerts gratuits tous les soirs de la semaine. Des food-truck vegans ou végétariens s'éparpillent autour. L'air est chargé d'odeurs de nourriture et nous font saliver.
Nous retournons à la "maison" pour nous cuisiner quelque chose. Nous avons pas mal de nourriture sur nous, fruits de nos récoltes de Lisbonne. On devrait tenir pour la semaine mais nous décidons de faire varier le menu et partons en quête des poubelles voisines. Malheureusement, la ville s'est équipée de bennes semi-enterrées. Il est donc impossible d'accéder aux poubelles de plusieurs petits supermarchés. Nous tentons notre chance dans une Pastelaria (bar portugais qui fait de la petite restauration). L'employée nous indique de revenir à la fermeture par la porte de derrière.
La boutique fermée, la jeune femme nous offre du riz aux haricots rouges, du pain, des croissants et une soupe encore tiède ! Elle nous demande de ne pas ébruiter sa générosité de peur que d'autres viennent quémander. Nous irons le lendemain au marché couvert de la ville récupérer les fruits et légumes. Conseil pratique : demander à l'office de tourisme du coin des indications à propos des marchés et des horaires, de plus on vous donne souvent une carte de la ville, pratique pour se repérer. Petite surprise : en fouillant les poubelles devant quelques restaurants/commerces, un homme, en fait le patron d'un petit commerce de charcuterie, vint nous offrir un sac qui contenait du saucisson et du fromage !! Autant dire qu'il n'a pas fait long feu...



La journée, il fait chaud. On décide d'aller à la marina pour trouver un bateau, le festival a bien dû attirer des touristes d'un peu partout. Nous nous adressons à l'administration du port pour obtenir quelques informations concernant les allers et venus. La réceptionniste n'est pas du tout coopérative. Elle ne veut rien nous dire et elle nous précise que l'accès au dock est fermé par un portail. Coup dur. La seule solution est de passer plusieurs jours à l'entrée du port avec une pancarte : "recherche bateau pour un petit tour en mer !"




Nous nous réfugions la journée à la bibliothèque municipale qui se trouve être une salle d'exposition. Nous flânons entre les œuvres d'art exposées. Les avantages de ces lieux : toilettes propres, wifi et fraîcheur de la climatisation. Le soir, sur le chemin dallé devant l'entrée, sont placés des écrans qui retransmettent en direct les concerts (payants) qui se déroulent dans une petite salle au sous-sol. L'endroit est convivial.



Coupés du monde depuis quelques jours, nous profitons de prises de courant pour brancher nos appareils électriques. La technologie s'éveille et nous replonge dans le monde virtuel des réseaux sociaux et de l'Internet.

Iris reçoit un message déroutant qui va bouleverser le déroulement de la journée et impacter notre aventure. Elle apprend, à travers un message envoyé par sa maman, le décès de son grand-père maternel...
La nouvelle arrive comme un choc. L'enterrement sera lundi, soit dans 5 jours. Nous passerons la journée à errer entre la plage et le camping. Iris prend contact avec son frère tout aussi bouleversé, le choc est rude. Le soir, la première émotion passée, nous discutons pour prendre la décision de revenir pour la sépulture. Il y a certains moments, dans la vie, qu'il faut vivre en famille. Pour se soutenir, s'apporter mutuellement du courage et se transmettre de l'amour.

Nous avisons la famille que nous reviendrons parmi eux en fin de semaine. Le lendemain, nous prenons nos billets d'avion depuis Lisbonne et réservons un bus samedi matin pour nous rendre à l'aéroport. Il nous reste deux jours au Portugal, à profiter des festivités pour nous changer les idées. Nous comptons bien vivre jusqu'au bout ce voyage.

Nous irons danser jusqu'à tard le soir (devrais-je dire tôt le matin) le jour suivant.
Vendredi, le jour d'avant départ. Nous décidons de marquer la fin du voyage en rompant notre pacte... en dépensant nos premiers euros depuis plus de deux mois et demi.  Nous irons manger sur la plage, le soir, pour notre dernière soirée. Pourquoi ? Car nous préférons marquer notre dernière soirée au Portugal, que se faire une soirée en revenant en France, à 24 heures d'intervalles autant profiter ici... avec des achats raisonnés bien évidemment ! Nous nous commandons des petits plats végétariens, une bouteille de vin locale et des desserts vegans et bio (riz à la cannelle et panna cotta, le tout au lait végétal). Nous parcourrons les marchés pour revenir avec quelques petits cadeaux handmade dans le sac. Des petits plaisirs qui nous laisse satisfaits, contents d'avoir soutenu des petits marchants pour leurs commerces.

La ville de Sines vue de la plage



On se lève à la rosée, nous ne sommes pas les seuls debout, de la musique joue encore au loin. Nous rangeons nos affaires et laissons sur la chaise pliable de la nourriture avec un panneau "Help Yourself".



 On quitte Sines avec nostalgie, ce voyage nous aura laissé pleins de souvenirs. Dans le bus on ne se sent pas bien, depuis l'Espagne nous avons développé le mal des transports. Notre intestin est-il si fatigué par ce que l'on a ingurgité ou les routes nationales remuent-elles trop ? Conseil : regarder la route devant soi, ne pas oublier de bien respirer et préparer un sac en cas de rejet.
Nous arrivons enfin au Terminal à l'aéroport après bus, métro et navette. Nous nous enregistrons et mettons nos bagages en soutes : 16.7 kg pour Iris et 21.6 kg pour Thibaut, et nous avons en plus deux petits sacs à dos à part avec nous... Bien plus lourd que le cinquième de nos poids respectifs que l'on était sensé porter, mais presque tout nous a été utile.

Départ de Lisboa
Arrivée à Lyon
Un nouvel article apparaîtra d'ici quelques temps. Il parlera de notre retour à la vie 'normale' et de l'analyse de notre voyage.

Aventureusement votre,
Iris et Thibaut